Les Veuves en Inde
À son mariage, la femme, généralement sans éducation et sans travail, souvent très jeune, va vivre dans la famille de son mari.
À la mort du mari, celui-ci n’assurant plus la subsistance de sa famille et de ses parents, la veuve peut être jetée à la rue avec ses enfants.Ses propres parents refusent souvent de la reprendre, car c’est à la fois une honte et une charge financière.
Perdant alors toute dignité, elle est contrainte à la mendicité et, pour les plus jeunes, à la prostitution.
Certains ashrams s’occupent d’elles, en particulier à Bénarès ou à Vrindavan, appelé souvent « la cité des Veuves ».
Être veuve en Inde reste donc une tare. Et généralement la belle-famille rend la veuve responsable de la mort de son mari. Jusqu’au début du siècle dernier, on les encourageait d’ailleurs à faire « Sati », c’est-à-dire à se jeter dans le bûcher élevé pour la crémation de son mari.
Le film Water de la cinéaste indienne Deepa Mehta illustre cette situation.
« Water de Deepa Mehta est un film magnifique. Le jeu de toutes les actrices de la Maison des veuves est exceptionnel : intimiste, douloureux, blessé, tendre, brutal. Le lyrisme fluide de la caméra provoque un troublant contraste avec les difficultés arides rencontrées par les personnages. Le film a des choses sérieuses et ambitieuses à dire sur l’écrasement des femmes par des dogmes sociaux et religieux atrophiés. Mais, et c’est tout à son honneur, le film raconte cette histoire de l’intérieur, accentuant ainsi le drame humain de leur existence, et nous touchant droit au cœur ».
Salman Rushdie